Dans ce tableau, nous avons l'essence même de l'Art Réiste. Les rails et les autres constructions ferroviaires métalliques inclus dans le tableau sont les principaux éléments de l'impact visuel. C'est donc des choses qui offrent leur valeur esthétique comme signifiants dans le dialogue avec l'observateur.

En absence de la représentation d'un quelconque véhicule, c'est impossible connaitre le sens de circulation : c'est un subterfuge, que j’ai choisi, pour représenter le mouvement potentiel qui est pourtant absent dans le tableau. De nombreux philosophes et théologiens s'interrogent sur le Sens de la Vie, ce tableau est une modeste contribution dans cette voie, c'est pourquoi son titre est Aller & Retour.

HAÏKU :                         Mouvement immobile
                                      Parallèlles jointives
                                      Où aller ? 

Une des images les plus banales et fréquentes de la vie au XXème siècle sont les autoroutes, parfois saturées, parfois presque désertes.

Les poids lourds que nous croisons sur nos routes sont des objets roulants dont la caractéristique esthétique est rarement mise en relief. Nous avions l’intention de corriger cet oubli en matérialisant ces véhicules avec des objets, selon les principes de l’Art Réiste. Cependant le hasard nous a fait utiliser un enduit rose dans le but d’améliorer l’adhérence de la peinture. Toute autre couleur aurait pu convenir, mais celle-ci a crée, à elle seule, l’atmosphère matérielle et visuelle que nous recherchions. Pourquoi pousser plus loin la recherche puisque nous avions découvert ce qui était le but que nous ignorions ?

Personne ne refuse l’adjectif écologique aux alvéoles hexagonales que certains insectes réalisent. Leur régularité pourrait leur supposer une artificialité alors qu’elles sont aussi naturelles que le terrier d’un lapin ou les tunnels des taupes. Chaque espèce modifie son environnement à sa façon et selon ses besoins.

L’espèce humaine, elle aussi, le modifie sous forme de routes, de gares, d’aéroports et de logements divers. Le téléphone, la radio, les ordinateurs et le réseau internet ne sont-ils à mettre sur le même niveau de nature que le langage des baleines ou le sens de l’orientation des oiseaux migrateurs ?

Ce tableau témoigne de la fascination qu’un paysage, éminemment urbain, donc  écologique et humain, peut exercer sur l’artiste (moi, lors d’un récent  voyage pour montrer Londres à Hector, mon petit-fils). Il s’agit du nouveau quartier appelé Canary Wharf qui a remplacé un ancien quai sur la Tamise où arrivaient les bateaux chargés de bananes en provenance des îles Canaries.

50 X 60 cm  acrylique su bois, éléments métalliques
(Collection Particulière, Cureboursot, Occitanie, France)

Dans le langage mathématique on définit un grand nombre de distances : euclidienne, de Manhattan, Tchebychev, ultramétrique, etc. Que dire d’un lieu, à plus de 5000 km de mes lieux familiers, où j’ai pu écouter les chansons de mon enfance et les danser, tout en parlant  ma langue avec mes voisins ? À quelle distance suis-je de ce lieu ? En conséquence : toute limite est faite pour être dépassée. C’est cela qui est représenté par la position du cadre dans ce tableau.

Carnaval est le lieu spatio-temporel où tout est (ou devrait être) permis. Pourquoi ne pas construire une pieuvre, poulpe ou « octopus » géant, articulé et coloré qui s’abreuverait à la fontaine qui orne la petites place toulousaine  de la Trinité ? Ce projet fut réalisé lors du Carnaval 2014 par une équipe d’artistes festifs de la ville.

Des biologistes prétendent que, non seulement la pieuvre a une intelligence comparable à celle de l’homme, mais qu’elle possède 9 cerveaux, un par bras et un autre dans la tête ; autrement dit, cette distribution du potentiel pensant pourrait lui permettre, si elle se le proposait, de dépasser l’intelligence humaine. 

La pieuvre du Carnaval toulousain, bien que factice, a voulu prouver que son intelligence lui permettait de reconnaître la tromperie à laquelle on l’avait soumise, puisque l’eau de la fontaine de la place de la Trinité est douce, alors qu’elle aurait eu envie d’eau de mer.

Peu de jours après son installation, grâce à un savant calcul entre le nombre PI et le mot ŒUVRE (d’Art), le céphalopode artificiel s’est éclipsé et n’a finalement pas participé aux festivités, 

Cette (PI) ŒUVRE illustre notre première affirmation : tout peut arriver pendant le Carnaval.

Fragment d’une carte de Pantopie

 Thomas More, au XVIème siècle forgea le mot Utopie, à partir de deux racines grecques qui, assemblées signifient nulle part. Il l’utilisa pour nommer une île imaginaire avec un gouvernement parfait qui, bien évidemment, ne pouvait exister que nulle part. Selon le même procédé étymologique, la Pantopie est partout. 

Dans la mythologie grecque, Pan est une divinité de la Nature. Il est souvent représenté comme une créature chimérique, mi-homme mi-bouc. Les philosophes stoïciens identifiaient ce dieu avec l'Univers ou du moins avec la Nature Intelligente donc organisée, il n’est donc pas impossible d’imaginer que cette Nature puisse faire l’objet d’une cartographie.

Bien évidemment la mappemonde qui représenterait la Pantopie dans son ensemble ne peut pas exister, nous devons nous contenter de fragments.

Parfois l’artiste a le droit de s’inclure dans son œuvre. Voici une vision qui se présente souvent à mes propres yeux vers l’azimut 0º N.

On peut se demander quel est l’intérêt d’une telle représentation. Nous pensons que la fixation d’une scène personnelle et individuelle est une illustration de la relativité de toute chose.

Dire de quelqu’un qu’il a perdu le Nord est une expression fallacieuse, il faudrait dire : il a perdu son Nord. Or cette affirmation n’a pas beaucoup de sens, puisque personne ne peut connaître avec précision le Nord qui ne lui appartient pas.