RERUM ARTEM

Le site de l'Art Réiste

Joseph Aguilar-Martin

Le manifeste de l’Art Réiste

La dénomination d'Art RÉISTE s'applique à une partie de l'Art plastique, limitée, pour l'instant, aux productions que j'effectue en prenant appui sur des CHOSES; souvent en les adjoignant à la toile, parfois en les gardant uniquement comme référence (en Latin res = chose).

Une “chose” n'a qu'une seule qualité, elle "est". Il s’agit, soit d’objets, soit de pièces, soit de fragments, toujours solides et saisissables. La raison de ces ajouts est double: d'une part, activer la valeur esthétique de ces choses, d'autre part rehausser la valeur plastique et significative du tableau. Cette approche est entièrement déconnectée du dadaisme des «ready made» (Duchamp…) ainsi que du surréalisme (Breton, Dali, Chirico, etc.).

Une œuvre ne devient une «œuvre d’art» que lorsqu’un spectateur la regarde. Qui est le véritable artiste?  Celui qui a accumulé de la matière dans un lieu, ou celui qui fixe son attention sur ce lieu? Le spectateur n’effectue qu’un seul choix: regarder l’œuvre. Ce choix a une référence universelle, il s’apparente au geste de la création de l’univers; geste qui a été symbolisé par Michel Ange dans le doigt de Dieu à la chapelle Sixtine. Ce choix intentionnel transforme le lien spectateur-œuvre en une relation artistique. 

L’art réiste met en avant le choix de «choses» dans le sentiment esthétique que toute contemplation entraine. Les choses que l’on regarde dans un tableau transportent en elles-mêmes leurs propres valeurs artistiques qui contribuent à celle de l’œuvre entière. Le but, et le devoir, de l’art réiste sont de souligner ces valeurs. 

Le peintre guide l'observateur dans le regard sur une réalité ou sur un concept, il choisit le chemin à travers l'espace qui sépare deux réalités: le sujet et l'œuvre. L’artiste choisit un sujet, idée ou forme, et l’offre à la perception du public. La motivation essentielle du peintre est de procurer un plaisir visuel à l’observateur éventuel. Dans l’approche réiste on s’est rendu compte qu’il est possible d’entrouvrir une porte aux malvoyants, ou même aux aveugles, pour qu’ils accèdent à l’art pictural; plusieurs expériences se poursuivent dans ce sens avec l’association «APPM09».

La source d’inspiration, ou la motivation, d’une œuvre peut-être multiple: une idée philosophique, un évènement, un personnage... Elle peut aussi être apportée par une autre œuvre artistique qui, par sa notoriété, dépasse l'impact purement muséïstique, c’est le cas de celles que j’appellerai paraphrases.

Je ne peux pas passer sous silence que le Réisme existe en philosophie; c’est une théorie linguistique qui établit une distinction entre les substantifs qui correspondent à des choses et les pseudosubstantifs, qui dénotent des états, des relations, des propriétés, des concepts, etc. C'est ce qui permet de caractériser le sens profond des phrases. 

Dans une œuvre d'art Réiste, certains éléments sont assimilés aux substantifs, ils constituent la substance réelle, ce qui n'exclut pas la présence d'autres éléments qui, par leur abstraction, peuvent aussi orienter le regard.

L'origine du concept de base de l'art Réiste remonte au 28 décembre 1959; avec mon ami Jose-Maria Gallart Capdevila nous avons inauguré la première exposition d'art psychique, en insistant sur l'impact que la nature, la matière, du tableau doit exercer sur le spectateur. Ci-dessous deux œuvres présentées à l'exposition d'Art psychique.

L'être est le non-être

"The Sun Also Rises "

LE PEINTRE 

Joseph AGUILAR-MARTIN

Je suis né à Barcelone en 1939, j’ai fait mes études d’Ingénieur à Toulouse (ENSEEHIT) et à Londres (Imperial College), plus tard j’ai été Directeur de Recherche au CNRS en Intelligence Artificielle et professeur (catedràtic) à l’Université de Gérone. Actuellement à la retraite.

J’ai toujours vécu dans un environnement artistique: mon père avait fait les Beaux-Arts à Barcelone (Llotja). Alors que j’étais étudiant à Toulouse j’ai partagé l’atelier du peintre Van Que et plus tard  j’ai assisté aux cours de dessin d’académie à la Royal School of Art de Londres.

Ayant eu une formation mathématique, aussi bien à cause de mes études d’ingénieur que par gout personnel de la Logique formelle, j’ai approché l’Art à travers une axiomatique qui par certains côtés se rapproche du structuralisme. J’ai participé à l’équipe du Professeur Zadeh à Berkeley, fondateur de la Logique Floue, et j’ai utilisé ce concept dans diverses applications dont la plus récente, grâce au travail postdoctoral de Claudia Isaza en Colombie, consiste à reconnaitre et caractériser les chants des oiseaux.

Au cours de mon travail de plasticien, j’ai découvert l’analogie entre le travail du peintre et celui de l’écrivain ou du musicien en cela qu’ils utilisent la double articulation propre au langage humain: vocabulaire et syntaxe, en omettant la sémantique. Dans tous les cas, les éléments du vocabulaire, formes et couleurs en peinture, notes et timbres en musique, proviennent directement du monde réel, et respectent donc les lois de la physique. Par contre, les règles qui régissent leur assemblage proviennent de la structure mentale de l’artiste. 

Mon ami psychiatre, José Maria Gallart Capdevila et moi-même, avions appelés Art Psychique, la production artistique que nous avions exposée en 1959. À cette occasion, nous avons donné la définition suivante: L’Art est l’inutilité harmonisée sans finalité productive. Si l’on retient cette définition, l’art devient aussi invulnérable que la pensée.

En suivant le même raisonnement qui a amené les linguistes (Saussure…) à réunir sous la dénomination de signe, un signifiant et un signifié, une œuvre d’art devient signe quand elle évoque un concept, une pensée, un regard.  Tous les tableaux que je présente ici offrent des motifs de réflexion, parfois sur des concepts philosophiques ou psychologiques, d’autres fois sur des impressions, finalement la réflexion peut porter sur des œuvres, des personnages ou des évènements qui font partie de l’histoire de l’univers. C’est pourquoi on trouvera ici, associé à chaque tableau, un texte qui s’y rapporte.

Profitant de ma distance par rapport aux milieux artistiques professionnels, je n’ai jamais voulu participer ni à des concours ni à des expositions collectives. Souvent, l’instinct de propriété, présent chez tout être humain, attribue un prix de vente à une œuvre, ce qui la fait entrer dans le domaine du commerce et par conséquent, l’oblige à se soumettre aux lois du marché, et aussi à leurs perversions. N’étant pas, moi-même, dans une orbite commerciale et pour m’en maintenir écarté, j’ai décidé de ne vendre aucun de mes tableaux, mais, plutôt, de les offrir aux personnes qui montreraient un réel intérêt pour une œuvre.