PHILO
Philosophie
Les étudiants en Philosophie d’Oxford avaient, dans l’ancien temps, un cours appelé Mind and matter. Un proverbe humoristique consistait à imaginer le dialogue suivant :
What is matter? never mind ; what is mind? no matter.
Ce qui se traduit par :
qu’est la matière ? ne vous tracassez pas ; qu’est l’esprit ? peu importe.
Dans la peinture réiste je n’applique pas ce proverbe, tout au contraire, j’ai remarqué un lien étroit entre les choses, donc la matière, et les idées. C’est ainsi qu’un certain nombre de mes tableaux tentent d’illustrer des concepts philosophiques, comme la Fraternité, la Beauté, ou d’autres, issus de la cosmogonie et des mythologies.
L’exercice mental qui consiste à tracer un chemin entre une chose et une idée immatérielle, a été expérimenté par la plupart des artistes. à titre d’exemple je montre ici le dessin de William Blake (William Blake 1757-1827) qui représente Le Fantôme d’une mouche. Pour aboutir à ce dessin, Blake a dû commencer par se poser la question qui avait été explicitée dans un de ses poèmes énigmatiques :
I Dreamt a Dream! what can it mean?
Dans ce cas précis l’artiste a fait une double abstraction : de l’objet matériel, ici une mouche, il est passé à quelques attributs qu’il a pu choisir dans son rêve , et de là à la représentation de son fantôme, être immatériel.
L’homme est la mesure de toute chose.
50 X 60 cm acrylique su carton et objets
(collection particulière, Vannes, Bretagne, France)
Protagoras aurait dit : πάντων χρημάτων μέτρον έστων άνθρωπος. C’est à dire: L’homme est la mesure de toute chose. Dans l’art réiste on se propose de mesurer les choses sur une échelle esthétique, c'est-à-dire sensorielle et émotive.
Notre tableau cherche à évoquer cette double relation de mesure entre la Chose et l’Homme : celui-ci appuie un pied à l’intérieur et l’autre dépasse du cadre, il peut aussi bien rester dans la sagesse que s’en échapper.
Cependant la mesure, symbolisée par le mètre pliant, aboutit à ses deux mains, qui le ramèneront à la raison, c'est-à-dire à l’intérieur du cadre. Tout ce drame se déroule sur un fonds qui évoque des machines puissantes mais incapables de détruire la mesure de l’Homme.
L’homme est la mesure entre l’Alfa et l’Oméga
50 x 60 cm. Acrylique sur bois et objets
Collection particulière, Palafrugell.Tamariu, Catalunya, Espagne.
Platon prétendait que le vrai monde est celui des idées, et que nous sommes dans une caverne d’où nous ne voyons que des ombres que nous prenons pour la réalité.
La philosophie de Protagoras est exactement à l’opposé : il n’y a de réalité que par la perception que peut en faire l’homme. L’idée qui en découle est que l’homme est le centre de l’univers, sa mesure se place au milieu de l’infiniment grand et de l’infiniment petit.
Dans ce tableau l’infiniment grand est représenté par l’image du créateur, big-bang, ou Yahvé, peu importe. Michel-Ange a voulu lui donner l'apparence d’un barbu dont l’index pointe vers le centre de sa création, c'est-à-dire l’être humain.
L’autre extrême correspond à la négation absolue, c'est-à-dire à l’enfer. Satan, ou le diable est décrit par Dante comme le roi de l’enfer, ici illustré par les gravures de J. Koch pour la Divine Comédie.
Une chaîne relie l’enfer à une machine, cependant c’est avec son pied que l’homme donne du mouvement.
Finalement, revenons à Platon, les ombres que nous voyons font aussi partie de la réalité, celle de l’homme, par sa couleur rouge sang, rappelle qu’il s’agit d’une ombre vivante et douloureuse, alors que celle de la machine ne reflète que du noir.
L’homme mesure toute chose.
40 X 40 cm acrylique sur métal (Atelier)
Léonard de Vinci a réfléchi longuement aux proportions des choses en même temps qu’il a réalisé des œuvres où l’ensemble des proportions est fondamental. Nous sommes certains de cela puisqu’il il a voulu nous laisser un Traité de la Peinture dans lequel on peut lire des explications détaillées des observations à effectuer avant de tracer une ligne sur le papier.
Dans son traité on y trouve de nombreux schémas et illustrations. C’est à partir d’un de ces exemples graphiques que j’ai représenté, au milieu des forces ascendantes de la nature, la relation entre la pensée de l’être humain, dont l’existence et le regard convergent vers la terre, mère nourricière.
La réalisation de ce tableau sur une plaque métallique a permis de matérialiser le contour humain ainsi que les liens qui l’unissent à un point de la terre. L'utilisation de la gravure et des fils métalliques permet de soumettre ce tableau à l’appréciation des malvoyants.
120 X 80 cm acrylique su carton, papier musique et objets métalliques. (collection particulière, Colomiers, Occitanie, France)
Fraternité
La République Française, après les épisodes joyeux et en même temps douloureux de la Révolution, a choisi d'inclure dans sa devise la Fraternité.
Une des images les plus expressives de la Fraternité en action est celle d'un grand orchestre symphonique. Cependant cette concentration de musiciens n'est pas sans rappeler une armée où toute Liberté individuelle serait éliminée.
Nous savons qu'il n'en est pas ainsi et que la magie de la musique transforme cet ensemble en un accord parfait, ou, tout au moins, en un désir de perfection. L'angle sous lequel a été considérée l'orchestre dans ce tableau, cherche à souligner la personnalité de chaque individu par la matérialisation réiste des partitions.
L'ensemble représenté dans cette perspective rappelle un essaim d'oiseaux blancs, ou de papillons, qui, tout en conservant leur Liberté individuelle, illustre la Fraternité républicaine.
Liberté
Comme dans le précédent tableau, j’ai choisi un orchestre symphonique pour illustrer un autre des mots de la devise républicaine : la Liberté . L’accent était mis sur la réalisation harmonieuse de l’exécution de l’œuvre musicale.
La Liberté est ici celle des participants qui, d’un commun accord, suivent les indications du chef, (conducteur ou directeur dans d’autres langues).
Ce tableau est en réalité un ensemble de petits rectangles représentant chacun un instrumentiste : chaque musicien est seul et libre devant son instrument. Cependant son existence n’a de sens que s’ils se retrouve dans un accord librement consenti.
Détails
Percussions, Vent et Harpe
Chef, Violons et Violoncelles
Principe et fin de l’œuf primordial
60 X 50 cm acrylique su bois et objets
(collection particulière, Bouleternère, Roussillon, France)
Zeus se présenta devant Léda sous la forme d’un cygne qui la séduisit. Le soir même Léda rejoignit le lit matrimonial.
Elle donna, plus tard, naissance à deux œufs d’où sont éclos quatre enfants : Hélène et Pollux, immortels fils de Zeus, et d’autre part Clytemnestre et Castor, mortels, fils de Tyndare, son mari.
Cette légende peut être interprétée comme l’origine de l’humanité dans sa diversité. C’est ainsi que nous avons voulu la représenter.
Par ailleurs, on suppose que la croissance permanente de l’entropie de l’Univers provoquera des catastrophes qui détruiront l’humanité avec ses constructions. Cet évènement inéluctable est ici évoqué par le chaos créé par la destruction d’objets représentatifs de l’état d’avancement technologique actuel.
La lutte finale
50 X 60 cm acrylique su carton et objets
(collection particulière, Fourquevaux, Occitanie, France)
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale
Sera le genre humain.
Tout le monde reconnaît dans ces vers le refrain de la chanson révolutionnaire qui, de 1918 à 1943 fut l’hymne national de Russie.
La lutte du Bien contre le Mal a toujours donné lieu à des représentations artistiques, souvent devenues des mythes.
Combien de chevaliers n’ont-ils combattu un égal nombre de bêtes effrayantes, le plus souvent des dragons cracheurs de feu. La valeur d’un mythe ne se conserve que s’il est régulièrement mis à jour. Nous avons voulu adapter l’iconographie de Saint Georges à la situation de dépendance des humains à la machine dans l’environnement moderne. Il s’agit donc de la lutte qui devrait aboutir à la libération du genre humain.
Chevalerie et consommation.
Chaque époque a ses batailles.
Le génial Cervantès a immortalisé la lutte entre le Chevallier de la Triste Face et les moulins à vent. Il a imaginé son héros en butte contre des géants imaginaires qui pourraient symboliser la tyrannie, c'est à dire l'ensemble des forces qui empêchent le développement harmonieux, juste et fraternel, du monde.
La tyrannie est exercée aujourd’hui par les marchés et supermarchés qui sont hautement protégés : ils utilisent les armes des prix, du matraquage publicitaire et de l’offre toujours tentante.
L’avantage de l’Art est que, sous forme visuelle, on peut inciter à la lutte, comme Don Quichotte devant les moulins à vent, pour casser les grilles qui entravent et trompent le consommateur.
Traité de paix
Il fut un temps où la guerre entre chiens et chats prenait une telle ampleur que les humains n’avaient plus la possibilité de trouver des champs de bataille libres où régler leurs différends. Plusieurs philosophes s’étaient penchés sur la question, mais ils ne parvenaient à aucun résultat.
Un chat eut l’idée d’aller consulter une bibliothèque. On a oublié si c’était celle d’Alexandrie, un studium cistercien, ou, peut-être, la librairie Foyles à Londres. Il apprit ainsi que les humains finissaient souvent les guerres par un traité de paix, ou tout au moins un armistice, plutôt que par la destruction totale de l’ennemi.
Ce chat, qui avait fait ses humanités, se souvint de la phrase latine LEGATOS MISIT QUI PACEM PETERENT, (ou peut être AD PACEM PETENDAM ). Il proposa alors d’envoyer des ambassadeurs aux chiens pour leur proposer la paix. Il fallait, pour cela établir un document sur lequel les deux parties apposeraient leurs griffes respectives.
Après avoir hésité sur l’encre, le papier et la langue il fut décider de l’écrire en catalan, à cause du rythme 8/7:
Seràn el ossos pels gossos, i les espines pels gats.
Ce qui, en bon français veut dire :
les os seront pour les chiens et les arêtes pour les chats.
On ignore si une paix durable s’établit entre chiens et chats, mais ce qui a été constaté est que cet accord, même s’il a subi certainement des entorses, a laissé, jusqu’à nos jours, des champs de bataille libres pour les conflits mortifères entre humains.
La Beauté partout.
75 X 100 cm acrylique sur carton
Collection de l’auteur Toulouse; Occitanie, France
Regardons et analysons les Classiques : les grecs de Praxitèle, les romains, ou plus tard Léonard et les autres.
Nous sommes frappés par la rigueur et la précision. Serait-ce cela la beauté ? Je ne répondrai pas à cette question.
Les machines sont, elles aussi, des objets précis qui ont besoin de rigueur et d’exactitude pour fonctionner et satisfaire les lois de la Physique : sont-elles belles ?
Humanité
L'humanisme met l'Homme , l'être humain, au centre des préoccupations de ce même être humain.
Les artistes, comme Léonard de Vinci, l'ont pris comme modèle, les philosophes, comme Descartes, se sont basés sur la pensée humaine, les savants, comme Galilée, ont considéré l'univers observable par l'homme, les naturalistes comme Michel Servet, ont compris la machinerie interne de l'homme .
DEBOUT
Homo erectus, signifie « homme dressé » Il s’agit de la plus ancienne forme bipède. Il a été décrit en 1894 par la découverte d’un fossile d’Australopithèque. C’est une espèce éteinte du genre Homo, ce qui ne veut pas dire que l’humanité actuelle ne se tienne plus debout.
Malgré de nombreuses croyances et philosophies qui prônent diverses postures, assise, à genoux, en position de lotus, prosternation, etc. la position debout est considérée comme la plus noble de la personne humaine. C’est pourquoi on prend cette attitude corporelle lors d’actes solennels.
J’ai voulu représenter ici diverses situations où les hommes adoptent la position debout, que ce soit pour faite une pause dans une randonnée an montagne (a), ou pour se rencontrer et attendre l’ami qui n’est pas encore là (b), où pour admirer des œuvres dans un musée (d), où pour participer à la foule qui regarde un évènement (c), où, finalement, pour représenter la vie réelle au théâtre (e) alors que les spectateurs en sont exclus et assis.